A la lecture du roman de Miguel, un certain humour pour ne pas dire un humour certain m’est fortement apparu en premier lieu. Un humour tendre et féroce qui nous fait nous attacher à ce savant qui va connaître un destin incroyable, très mal parti dans la vie mais qui à force de résilience va poursuivre et atteindre son rêve dans un siècle « lumineux tourné vers le charbon ». Un destin qui va croiser l’Histoire et les bouleversements du XIXeme siècle : la guerre de 1870, le siège de Paris, la Commune, la chute du Second Empire…
Pour adapter ce texte foisonnant de personnages tous plus croustillants les uns que les autres, oxymorique, drôle, extrêmement riche sur le plan d’un vocabulaire suranné et technique apportant une touche supplémentaire humoristique, il a fallu resserrer le récit autour d’Augustin Mouchot, en utilisant ellipses de temps, résumés, raccourcis afin de faire avancer le texte dans un récit au service du spectacle qui se veut aussi pédagogique. Quatre étapes d’adaptation ont été nécessaires en essayant d’imaginer un univers musical qui accompagnerait le récit qui ferait référence à ces machines d’un autre temps à base de bricolages sonores, de détournements d’objets, de mise en jeu de petites machines électroniques, des sampleurs, des instruments de musique populaires, etc… Un écrin musical qui ferait entendre le texte différemment. La forme que prend alors le récit s’apparente peut-être à une sorte de « conférence gesticulée », un cours magistral et pédagogique alternant récit et saynètes, style direct et indirect, présent et passé simple, impliquant le public qui est invité à revisiter ses connaissances en histoire notamment le XIXeme siècle, en géométrie, en mathématique, à jouer un ou deux personnages…
Le dispositif scénique fait référence à un atelier de serrurerie autant qu’à un vestiaire d’ouvrier. Un meuble patiné, sur une base roulante qui tourne et découvre ses différentes facettes, contient outils, accessoires, instruments de percussion, cartes, vestes… que le récitant et le musicien vont sortir au besoin du récit. De part et d’autre de l’atelier-vestiaire : A Jardin l’Homme-à-tout-dire (Richard Frech) raconte devant un pupitre. A cour Monsieur Tremblay, l’Homme-à-tout-faire (BorisBruguière) assiste l’Homme-à-tout-dire devant son set musical.